Fendre l’armure d’Anna Gavalda

Voilà bien longtemps que je ne m’étais pas laissée embarquer par l’écriture d’Anna Gavalda. Je dirais bien presque 12 ans, depuis qu’on m’avait mis entre les mains ce gros pavé qui me faisait peur à l’adolescente que j’étais mais que je n’avais pu lâché une fois entamé, depuis Ensemble c’est tout.

Fendre l’armure avait pourtant de quoi me rebuter.

Après avoir été échaudée par Je l’aimais, puis carrément repoussé avec La consolante, ce petit recueil de sept nouvelles ne me disait rien de bon. D’un point de vu totalement personnel pour les deux livres cités mais aussi pour le simple format de la nouvelle qui, et c’est bien toujours son but, me laisse trop sur ma fin.

Mais c’est presque par hasard…ok parce que je suis trop curieuse, que j’ai attrapé ce livre sur l’étagère de ma libraire et que j’ai fouiné un peu.

Une couverture qui ne dit pas grand chose. Soit. Une quatrième encore plus muette. Bon.

Quelques minutes devant moi, je tourne les premières pages et me laisse happer par l’histoire de cette jeune fille à l’accent de cité et au gros coeur, première héroïne qui ouvre le bal avec L’amour courtois et nous entraîne dans sa vie.

Me voilà conquise et intriguée. Je poursuis ma lecture jusqu’à finir la dernière nouvelle, un peu chamboulée par tout ça.

Fendre l’armure est plus qu’un recueil de nouvelles, c’est un recueil de vrais gens. On rencontre 7 personnages, tous différents mais au fond tous un peu pareil.

L’amour courtois

La maquisarde

Mon chien va mourir

Happy Meal

Mes points de vie

Le fantassin

Un garçon

Je te regardais, je voyais bien que tu ne cherchais pas à te défiler mais qu’au contraire, tu tournais et retournais ta pelote dans ta tête en cherchant un bout de fil assez solide sur lequel tirer pour commencer à la dévider.

Tous ont quelque chose à raconter, même si aux premières lignes on ne dirait pas. Tous ont quelque chose au fond qui fait mal et qu’ils ont envi de dire.

Chacun à sa voix, sa personnalité. Le style d’Anna Gavalda, personnellement m’enchante, fait de répétitions, de reformulations, de belles phrases comme de mots crus, comme si l’on se trouvait au coeur même de la machine à penser non pas de l’autrice mais des personnages eux mêmes. Qu’on les écoutait balbutier, raturer, se corriger et répéter. Comme si, pour de vrai, c’était des gens, bien là, comme vous et moi, et que l’espace de quelques pages on devenait leurs confidents.

Anna Gavalda nous parle d’humanité à travers ses personnages. Elle nous dépouille tout ça et nous montre le tout-venant, ses entrailles et nous pointe du doigts qu’on est tous foutu pareil.

Si j’avais su que je l’aimais autant, je l’aurais aimé encore davantage.

Bien sûr, le format nouvelles ne me réussit presque toujours pas, mais j’apprécie ici les différences de longueur entre chaque récit et même si en fin de compte, je ne connais pas si bien ces personnages, que ma curiosité n’est pas assez rassasiée, je repars au moins avec un bout de leurs histoires et l’envie de redécouvrir l’autrice.

Et quoi de mieux que de finir en beauté par une petite frustration digne d’un recueil de nouvelles

Laquelle ? Oh, mais celle que vous voudrez, mes amis !

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